3.29.2006

La petite fille aux allumettes

Déjà, avant de devenir reine de la fumette, elle enflammait les cœurs et les corps. Sur son passage, qu’un doux effluve de soufre entachait les âmes de ceux qui n’étaient pas fait en bois. Et doucement, à force de sulfureux regards et de frottement persistants, vint l’étincelante musique de quelques pièces en échange de sa chaleur. Destin tragique d’allumeuse pour qui la vie consume. Librement enchaîné, se laissant planer sous le poids du crack et des craquements de son mac, continuant à jouir de la pipette, le vent lui soufflait ses messages enfumés.
.
Sous son manteau de fourrure enneigé et son boa à plumes, se cachait sa silhouette amaigrit, laissant comme ombre, au ras des murs, seulement une vulgaire et grotesque image d’elle-même. Ses pas vacillants, tel un pantin aux cordes usées et à la main vieillissante, elle essayait de faire son chemin traînant dans la neige noire ou elle s’affala, à bout de souffle. Sous l’absence de regard des passants, souvent d’anciens clients, ses yeux s’étouffèrent comme une braise refroidie. Elle pensa, avant de s’éteindre, à tous ces hommes à femmes qui lui avaient vanté, tout feux, tout flamme, sa délivrance.



3.09.2006

Quand BB cherche son ordonnée et son abscisse


J’aime regarder ses gigantesques sourires, les jours où ses yeux pétillent l’innocence. J’aime quand je lui caresse le ventre lors de ses coliques. J’aime quand son regard s’émerveille devant ce que je lui fais découvrir. J’aime quand son apprentissage se marie avec sa curiosité. J’aime le voir balbutier tellement il a tant à dire mais qu’il ne sait par où commencer. J’aime quand sa tristesse et ses sanglots meurent dans la nuit, blottit contre moi. J’aime voir l’être qu’il sera quand je ferme mes yeux. Je n’aime pas vieillir. Je suis cet enfant. Mais je suis aussi l’Homme et en changement continuel, je regarde derrière moi pour guider les pas-avants.