11.26.2005

Conte : Un pont pour deux rives

Parfois, il faut savoir saisir nos rêves. Il en a même que l’on doit saisir. C’est un peu d’après cette affirmation que le jeune Rami a pu enfin faire le pont du passage unique entre sa jeunesse et l’âge adulte.


En une froide soirée de fin novembre, le jeune homme affrontait les foules déchaînées d’un centre commercial et sa musique des fêtes enjolivement triste. Il tentait de se frayer un passage comme s’il était contraint à nager dans un bassin de pitoune. Comme le jeune homme avançait dans la vie à petites enjambées rapides, il avait souvent laissé derrière lui ce qui le retardait. Pris dans un bouchon, il devait donc faire du sur place. Combien de temps l’état comateux s’empara de son être? Nul ne peut répondre mais au moment où il releva la tête, son regard croisa celui de ses rêves oubliés; de sa jeunesse.


Pour plusieurs, les songes de jeunesse, et même d’adulte, sont un baisé volé à une personne, aimée en secret, le partage d’une vie avec des semblables, un métier, un voyage ou même changer le monde. Pour le jeune Rami, c’était un obscur objet de désir depuis sa tendre enfance, où on avait dit de lui qu’il avait les yeux doux comme le miel et dure comme la roche. Non pas qu’il avait eu une origine difficile ou qu’on l’avait brimé mais un icône lui avait manqué.


Dans la foule donc, il s’est trouvé à quelques pas de son graal. Même en déniant, ses yeux se reposaient sans cesse sur son nébuleux fantasme. Comme un voleur aux pieds agiles, il su esquiver la folie et caresser son passé, se l’approprier. Possédés, ils ne firent qu’un, l’espace d’un instant, où la tourmente se tût dans sa tête. L’hésitation était tombée. Aujourd’hui, il fait la paix avec l’enfant qui dormait en lui, à 27 ans, il s’offrait un monsieur patate.

11.22.2005

overdose sous contrôle

Quoiqu’on dise et quoiqu'on fasse... l'influence verbal ou plutôt l'affluent, encrasse quand la sincérité et la volonté n'y sont pas. Le sommeil réparateur d'un peuple efface une mémoire quand il ne lui en forge pas une autre. J’en ai assez de l'homme calvaire qui s'effrite avec la tendance du vent. « Pardonnez nous nos offrandes » qu'ils pensent en laissant manger dans l'autres. Ils savent ce qu'ils font mais jamais où ils vont. Je reste dans l'abysse, périscope dressé et à l'affût. Jamais je ne serai guide au musé de l'horreur traduisant cruauté par beauté pour la simple Histoire officielle des biens pendants.

11.11.2005

chemin de Pierre

Un raz de marée déferle sur mes esprits limpides, emportant à sa suite, mes illusions. Non influençable par de mauvais compagnons, seul l’obscur ramène le rayonnement en moi. Sous mes paupières scellées, je vois les années à venir telle une route dorée, quittant oz, issue d’un univers noir et blanc. Malheur à moi qui a toujours affirmé que les teintes de gris scrutent davantage le réalisme. Les pas en avant, m’éloignent de ce paysage, issue de photos historique. J’en suis rendu à faire des allusions, à la recherche de nouveaux repères, car je ne joncherai pas le sol de cailloux pour m’y retrouver. Sur le rebord d’un lac, je m’abreuverai à sa source sans me demander si l’existence de mon reflet est plus heureuse. J’y plongerai si l’envi se fait sentir. Je suis mon étoile polaire et mon nord magnétique. Il reste la rose des vents à placer comme quête. Ma vie change, de nouvelles certitudes s’y dessinent à coup de fusains multicolores

11.07.2005

Pour la suite du monde

Il se peut que je ne dure pas, comme écrivain, de ce que je suis représentatif aujourd’hui. Soit! Ce n’était pas mon but de faire de « l’éternel ». C’était de me faire historique, que nous habitions enfin l’histoire à défaire et à faire, à commencer par la nôtre. J’ai voulu parler aux homme de mon règne depuis mes racines et mon appartenance, et ce dans notre époque et notre problématique, au cœur d’une situation et avec un langage qui nous soit propre. Ce que j’ai à dire, comme d’habitude, ne concerne donc pas « l’éternel » mais le présent, voire l’actualité, notre lutte et nos actes relativisés par le possible.
Gaston Miron
Et j’ajouterai à mon tour un fait indéniable; Je vais mourir. Pas maintenant mais un jour. Je serai donc qu’une virgule dans la phrase de l’humanité. Mais je tente de rester en phase… Ma volonté n’est pas de changer le monde mais de collaborer à sa suite du monde. J’écris, je rêve et je vis par amour et découverte de mes pairs. Ma parole et mes pensés laisseront des traces où la page ne sera pas souillée, mon cœur éphémère est là pour ça. Merci à tout ceux qui ont seulement fait, sans prétention, leur travail dans le passé et qui par leurs points de suspensions nous laisse leur vécu.
Moi

11.02.2005

L’orgie de la muse référentielle

Souvent, la nuit, je rêve d’un grand oiseau taillé dans le roc et pouvant être vu que par delà des cieux. Malgré mon anxiété de l’auteur, je n’ai aucun vertige face à sa grandeur car son regard sur moi, ignore la jactance. Malgré ma plume fragile, j’ose tracer, autour des siennes, une aura guidant mes nuits. Je réinvente donc la galaxie en griffonnant de l’être une phrase en phase et pour elle. Enlacé, je me laisse aller et je plane au dessus de son corps emmurer. La peur me prend au ventre. Les sacrifices, accomplis en mon nom, portent un poids qui fatigue son envol et se transforment en sacrilèges. Je tente donc de soulever et d’épauler sur mon dos, ce monument qui malgré lui, m’enfonce davantage jusqu’à mon réveil en soubresaut. Il ne me reste plus qu’une voie, la mienne, pour rêver éveillé en n’osant jamais dire, à haute voix, ce dont la nuit m’a fait survoler.