6.18.2006

Avant que les sabots ne foulent la terre

Au creux de deux monts, Miscamacus filait à vive allure sur sa monture; un lama donné par un jeune incas mourrant. Le sorcier devait se dépêcher, aviser ses ascendants de sa vision aux voiles blanches, amarrées sur un océan bruni de sang. C’est exactement où réside le drame. Dans une mission sans fin, chevauchant le continent. Partout où les étriers s’allégeaient, une fumée épaisse le devançait. Cette fois ci il avait juré que même le sommeil ne lui barrerait la route. Au bout de ses peines, arrivant aux palissades, il dut reconnaître sa défaite. Nul mort ne parsemait sa terre jaune mais les icônes de divinités nouvelles s’étaient dressées. La mort à l’âme Miscamacus dévoila, comme dans le passé, sa vision mais nul ne l’écouta. Pourtant, jamais il ne les avait trompé, toujours il avait été tel un livre ouvert. Les yeux gorgés de salin, il détourna les yeux pour les fixer sur la falaise qui donnait sur l’océan. Au bout de mots, il tituba jusqu’au bord du gouffre où il put voir les flottes bien amarrées. Sa dernière pensée fut pour les gens aimés, lors de sa chute, le dos criblé de flèches aux couleurs de son peuple.

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