2.12.2006

La gitane aux cents identités

Sur le long d’un boulevard anonyme dans cette métropole vaporeuse, je lui pris la main tremblotante. Notre rencontre récente et subite portait en son sein les silences de l’effroi. À l’aube naissante d’une révolution, la fuite et la geôle l’avaient amené à moi. En échange de mon silence de papier, je détenais une vie sous mon cœur. D’un pas atone, par l’enlacement de notre faux amour, nous marchions aux regards aveugles des inconnus croisés. Nous fondre dans la foule nous le devions mais l’un dans l’autre sans attente et sans le vouloir, nous ne le pouvions. Et pourtant. Sans rien connaître l’un de l’autre, la chaleur de nos corps, accéléré par la peur et l’interdit, rendait le feu rouge éternel. La vigile, de leur cadence bottée, brisa ce temps suspendu pour nous ramener à l’ère furtive. Sans se questionner, sans même connaître sa langue, nos lèvres se sont rejointes. Le danger passé, nos baisers ce sont éteins laissant un nuage glacé se former entre nos chairs qui se détachaient en s’appelant encore. La lueur de la nuit, telle une chandelle tremblotante, voulait s’éteindre par gêne à notre vue. Mes yeux au ciel et les siens au sol, l’appréhension nous était étrangère mais pour une raison trop évidente, les extrêmes nous appelaient C’est finalement au passant d’une ruelle qu’elle s’y engloutie retrouvant sa vie, son mari et ses enfants; les nouveau détendeurs des sauves conduits. Pour ma part, aucun coin sombre pour m’y blottir si ce n’est que la nuit sous mes paupières embuées.

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