8.17.2005

SI JE ME NOMMAIS POSÉIDON

Voilà mille ans que, déchu, j’échouai sur ces rivages. Abandonné par ma sirène saline qui avait trop grande soif du large, je devins l’homme du phare. Depuis, chaque aurore et crépuscule m’appelle où s’éclatent les vagues. Sur le sable blanc de Neptune, le flanc face au vent, je regorge mes poumons de cet air du large qui me priva de mon oxygène.

À l’aube, un chant de renouveau vint à mon oreille. Ce même mélange d’antan; un soupçon de plainte, de détresse et d’amour. Une note de différence s’intensifiait. Les pieds soulevant, je percuta ma blonde moussante qui retournait vers la basse marée. C’est à se moment qu’elle m’est apparu comme pour la première fois. À ma vue, elle s’agita, remuant vents et vagues, me réclamant; Ondulation divine.

Hésitant entre souffrance passée, excitation d’une union rêvée et d’une déception insoupçonnable, je frémis. En homme de doute, je pris respire; inspire, expire. De peur à l’expiration, je me laissai aspirer par la créature à la peau d’ébène. Mon dernier regard, avant de quitter la terre ferme, fut sa silhouette; Seins dressés et chevelure aux vents, me guidant vers elle, vers sa couche, vers sa croupe. Malgré cette vue et le si peu d’attache au rivage, tant de rocs à mes pieds s’étaient déposé depuis mon arrivage. Enfin, je me lança, fendre l’océan n’avait rien de divin.

Englouti par le bleu du ciel et la noirceur des vagues, je chercha sans relâche sa peau écailleuse afin de chevaucher son royaume. Mais en vain, je touchai que le vide de ma folie fantasmagorique; De mirage, j’allais m’unir à elle par ce sinistre mariage. La force de rejoindre la terre en pleurs me manqua. Aucun trident à m’agripper ou de dieu fraternel à implorer. Au bout de mon dernier souffle, je sentis la brûlure d’un doux baiser lippu effleurant ma bouche. Mes yeux s’ouvrirent et se remplirent d’obscurités et de délices. La pulpeuse douceur de sa chair m’envahissait.

Je repris raison sur le sable chaud de l’îlot. Naissant à nouveau par son rejet, je mélangeai mes larmes à l’écume et mon amertume aux cimes des arbres. Les yeux aux cieux, une énergie nouvelle m’enlaçait de par son goût salin et salvateur qui resta à jamais sur ma chair charnue. Je pouvais enfin marcher la tête haute, dos à l’océan, mais son souvenir jamais rangé au néant.
X
Y
Merci à l’été indien qu’il me semble avoir écouté pour la première fois ce matin.

5 commentaires:

Anonyme a dit...

Toi, tu as besoin de parler à quelqu'un qui t'aime.

Anonyme a dit...

En l'occurance : Moi.

R-ami a dit...

tu es comme un ballon de volley sympathique... l'oreille qui me manque et le coeur d'enfant perdu.

Anonyme a dit...

pourquoi tant de défaitisme dans cette union si souvent convoîtée? beau texte.

R-ami a dit...

l'unio convoitée n'est pas la fin en soi. c'est l'accès au sentiment qui fait reculer les marée car dans le sable, l'un ou l'autre disparait.